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Quel bilan post crises sécheresse pour le lavage automobile ?

En 2024, au 29 février (VigiEau), la sécheresse est toujours d’actualité dans 6 départements et même en seuil de crise dans 3 d’entre eux dont les Pyrénées-Orientales depuis 9 mois (05/23). Si la situation sécheresse a globalement été moins catastrophique en 2023 qu’en 2022, elle est devenue structurelle. Les risques ne sont plus concentrés sur une saison ou des zones géographiques mais deviennent latents et plus ou moins sévères selon les régions.

Sur l’activité du lavage automobile, Eléphant Bleu a constaté moins de fermetures par arrêté préfectoral, même si des incohérences ont persisté. Néanmoins, les messages pédagogiques sur la fonction de dépollution des centres de lavage et l’impact du non lavage ou du lavage à domicile, commencent à être entendus. Une meilleure compréhension des pouvoirs publics et une vision environnementale plus globale se sont perçues dans les évolutions du Guide circulaire sécheresse, les discussions avec les élus locaux et les décisions préfectorales.

 

Quelle réalité sur le terrain ?

En 2023, 145 centres ont été concernés par des arrêtés de restrictions d’eau, publiés dans 18 départements.

La fermeture a été totale pour 38 centres Eléphant Bleu, situés dans l’Oise, les Pyrénées-Orientales, en Côte-d’Or et dans le Doubs.

56 centres ont dû fermer leurs portiques, dans les Yvelines, en Seine-et-Marne, dans le Nord, le Bas-Rhin, l’Indre et en Saône-et-Loire.

51 centres ont été autorisés à faire fonctionner leurs portiques en mode ECO (Côte-d’Or, Doubs, Drôme, Eure-et-Loir, Haute-Marne, Meurthe-et-Moselle, Moselle, Nièvre, Oise, Bas-Rhin, Haute-Saône, Var).

A date en 2024, la situation dans le sud-est reste tendue. Les Pyrénées-Orientales sont toujours en seuil de crise, comme une partie de l’Aude et de l’Hérault, le reste déclinant les variantes orangées des seuils d’alerte. Le Gard, la Lozère, l’Ain et dernièrement le Var, sont également touchés.

Au total en 2023, le nombre de fermetures a été moins important qu’en 2022 mais des incohérences entre régions, voire intra départements, ont persisté, suscitant l’incompréhension des professionnels et de leurs clients.

« Aucun de mes clients n’a compris l’interdiction d’utiliser des portiques par l’arrêté sécheresse alors qu’ils étaient autorisés à quelques kilomètres de mes centres. Ils n’ont pas compris non plus la durée excessive de 2 mois de cette mesure de restriction, conjuguée à une période de pluie », Géraldine Plasmans, franchisée Eléphant Bleu en Seine-et-Marne, à Coulommiers, Mouroux et Faremoutiers (voir le communiqué).

 

Quelles évolutions du cadre réglementaire ?

Les conditions d’utilisation des portiques ont été revues dans les recommandations du guide sécheresse 2023, permettant l’utilisation d’un programme ECO en cas d’alerte sécheresse et alerte renforcée. Ils restent interdits en seuil de crise.

Les portiques équipés de recyclage d’au minimum 70% d’eau peuvent fonctionner sans restriction jusqu’au seuil limite de crise. La précision du pourcentage a clarifié la notion de recyclage mais la mesure reste incohérente en n’évitant pas les fermetures. De plus, un tiers des arrêtés n’a pas suivi le guide sécheresse 2023. Ainsi, le bénéfice de ses avancées notables n’a pas atteint l’ampleur escomptée. Et, sans garantie de pouvoir travailler, les gérants de station ne peuvent s’engager sur des investissements lourds.

Les professionnels perçoivent néanmoins quelques indicateurs positifs pour l’avenir de leur profession. Plusieurs députés et sénateurs se sont emparés du sujet et ont dénoncé la fermeture abusive des centres de lavage.  Un rapport interministériel a reconnu que la stratégie retenue lors de la crise sécheresse de 2022 a été trop sévère pour les gérants de stations de lavage. Certaines autorités locales ont su se montrer plus à l’écoute des professionnels et de leur expertise en matière de gestion de l’eau.

 

Quel impact sur les pratiques de lavage ?

Le besoin ou l’envie de laver ne s’est pas arrêté avec la fermeture des centres. L’interdiction d’accès a plutôt généré de mauvaises pratiques en encourageant le lavage à domicile. Le constat des professionnels s’est confirmé avec les enquêtes réalisées auprès d’automobilistes sur leurs pratiques pendant les périodes de restrictions, dans l’Oise, les Pyrénées-Orientales et le Doubs (infographie).

Nombreux sont les clients à avoir lavé à domicile ou en avoir eu l’intention lors de la fermeture des stations de lavage. Ils ont ainsi généré une surconsommation d’eau, avec une moyenne de 340 litres par lavage. En comparaison, un lavage à la haute pression consomme 60 litres en moyenne (l’équivalent d’une douche) et un lavage au portique, 160 litres (un bain). Dans un centre, 100% des eaux de lavage captées sont traitées et 95%, restituée, après un passage en station d’épuration, au milieu naturel.

Sans disparaître, l’intention de laver la voiture a néanmoins fortement baissé en période de restrictions, chez les personnes qui le font régulièrement en centre ou à domicile. Mais cette conséquence intentionnelle n’est pas neutre pour l’environnement car la pluie charrie la pollution présente sur les carrosseries sales. Elle pèse 360 g, quantité moyenne de boues collectée après un lavage, imprégnées d’hydrocarbures et de métaux lourds.

Sans système de récupération, ces polluants se répandent et s’infiltrent durablement dans les eaux souterraines.

Le manque d’information et de compréhension des mesures de restrictions d’eau ont fait beaucoup parler sur le lavage automobile. L’intention démagogique des décisions a été comprise mais leur efficacité n’a pas convaincu.

La fermeture des centres a prouvé son effet contre-productif en envoyant des signaux contradictoires qui ont encouragé les mauvaises pratiques. Des études (Opinion Way et Parc Auto 2022) révèlent qu’en 2019, 33% des automobilistes lavaient leur voiture chez eux. Ils sont 37% en 2022, ce qui représente une consommation totale de plus de 2,5 millions de m3 (+210 litres d’eau/lavage par rapport à un lavage dans un centre).

Géraldine Plasmans, franchisée à Coulommiers, contrainte de fermer les portiques de ses centres pendant 2 mois, en a fait le constat. « Pendant cette période, j’ai observé chez mes clients 3 types de comportement. Certains ont utilisé le lavage haute pression mais pas les plus anciens ni les inconditionnels du lavage automatique. Ceux-là ont beaucoup moins lavé ou pris le parti de laver chez eux. D’autres ont fait un détour de 15 km, 30 km aller-retour, pour trouver un portique ouvert. N’est-ce pas une aberration qui pousse à réfléchir sur le bénéfice écologique de l’opération ? Entre la surconsommation d’eau à domicile, la dispersion par la pluie des polluants sur les carrosseries sales et la consommation de carburant pour trouver un portique, ni l’eau ni l’environnement ne sont préservées. Et le troisième paramètre d’une démarche éco-responsable n’est pas respecté non plus puisque ces mesures fragilisent économiquement notre activité. Qu’elle intègre la chaine de dépollution de la mobilité n’y change rien ».

 

Prise de conscience de la fonction essentielle du lavage

Si les épisodes de sécheresse restent douloureux, les crises auront eu le bénéfice de faire prendre conscience de la fonction de dépollution du lavage automobile. Seuls les centres dédiés ont l’infrastructure et les compétences nécessaires pour maîtriser l’usage de l’eau tout en captant les polluants générés par la mobilité.

Le travail pédagogique initié depuis deux décennies est de longue haleine et commence à porter ses fruits. Les mentalités tendent à évoluer en portant les réflexions sur le lavage au-delà de la partie visible de l’activité. La place des stations de lavage dans la chaîne de dépollution s’affirme avec la force d’arguments scientifiques expliqués notamment par Jamy dans son émission “Sécheresse, canicules : allons-nous manquer d’eau cet été ?” en juin 2023 ou les experts automobiles de Turbo dans l’émission « Economique ou écologique, bien choisir son lavage auto ». En associant la gestion de l’eau à l’impératif environnemental, les décisions politiques en faveur des centres de lavage sont justifiables.

« Le plus difficile est d’établir des contacts et arriver à être entendu. Une fois passé ce cap, le bon sens l’emporte souvent. Ma situation s’est débloquée, en théorie, grâce à l’intervention d’élus locaux et de la presse. Reste à améliorer les procédures administratives qui ont alourdies d’une quinzaine de jours ma perte d’activité, délais entre la prise de décision et la publication de l’arrêté mettant fin aux restrictions », Géraldine Plasmans.

<em>Jean-Christophe Rogez, Directeur du réseau Eléphant Bleu</em>

 

L’enseigne Eléphant Bleu et son réseau restent mobilisés pour défendre la filière du lavage en centre, sur la base d’arguments factuels, techniques et scientifiques.

 

« Nous travaillons collectivement pour maintenir l’ouverture des pistes Haute Pression et des portiques avec recyclage en seuil de crise, amener les politiques à se positionner sur l’interdiction permanente du lavage à domicile*. La majorité des personnes interrogées dans nos enquêtes ou qui échangent avec les franchisés et le personnel des centres, ignorent l’interdiction du lavage à domicile. Une fois qu’ils le savent, plus de la moitié y renoncent », Jean-Christophe Rogez, Directeur du réseau Eléphant Bleu.